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Ma nourriture, c'est de faire la volonté du Père...

Quelle idée de vouloir passer par la Samarie pour aller en Galilée... D'accord, c'est le chemin le plus direct, sinon ça fait un gros détour, mais on ne se sent pas en sécurité. Les gens vous regardent de travers quand ils vous identifient comme juif, et c'est vite fait ! Nos habitudes vestimentaires, notre accent... c'est arrivé qu'on nous a jeté des pierres ! Là, on n'est pas seulement en Samarie, on est à Sychar... oui, la vieille ville de Sichem, qui a été la première capitale des tribus d'Israël, à deux pas du Garizim et de son temple schismatique et du Puits de Jacob ! Bon je me calme, si les samaritains détestent les juifs, ce n'est pas sans raison. En attendant, Jésus, lui, était fatigué, et il est resté au frais, au bord du puits, pendant que nous allions à la ville pour le ravitaillement. J'avais une appréhension, en fin de compte, tout s'est bien passé. Nous sommes de retour avec la nourriture.
Mais... il y a quelqu'un avec lui ! Ça alors ! Il nous fait faire le travail et lui, il discute ! Et avec qui donc ? Avec une femme ? A coup sur une samaritaine ! Mais il ne se rend pas compte ! Un rabbi qui parle avec une femme, on va se faire lapider ! Tiens, la voilà qui prend ses jambes à son cou et qui court comme une folle vers la ville. Elle en a même oublié sa cruche. Qu'est-ce qu'il a pu lui dire ?
Voilà, les provisions sont déballées, mais il n'a pas bougé. L'un de nous l'a appelé :
"Rabbi, tu peux venir manger !"
Il n'a pas bougé. Cette femme a l'air de l'avoir troublé ! Qu'est-ce qui s'est passé ? Mais il a l'air serein, pas si fatigué que ça. Il a quand même fini par répondre :
"Merci... j'ai de quoi manger, une nourriture que vous ne connaissez pas."
Voilà autre chose. Quelqu'un lui a apporté à manger ? Cette femme ? Il s'est expliqué :
"Ma nourriture, c’est de faire la volonté de Celui qui m’a envoyé et d’accomplir son œuvre."
Honnêtement, je crois que je ne suis pas le seul à ne pas avoir compris grand-chose. Nous sommes restés silencieux et il a poursuivi sans le relever :
"Vous dites bien : “Encore quatre mois et ce sera la moisson” ! Mais levez les yeux et regardez les champs du monde, ils sont déjà dorés pour la moisson. Le moissonneur a reçu son salaire : il récolte du fruit pour la vie éternelle, et le semeur se réjouit en même temps que lui. Il est bien vrai, le dicton : “L’un sème, l’autre moissonne.” Ce n'est pas vous qui avez semé : Je vous ai envoyés moissonner quelque chose qui ne vous a coûté aucun effort ; d’autres ont fait l’effort, et vous en avez profité."


Quelques commentaires

Aller de Judée en Galilée ne traverse pas forcément la Samarie, mais c'est en effet plus direct. Mais il y a une autre raison : Jésus va en fait à la rencontre d'une région dont les habitants sont détestés pour des raisons historiques. Quand il parle des cinq maris de la femme, il ne dit pas qu'une femme a eu une vie sexuelle chaotique, mais que le pays a eu une vie spirituelle désordonnée, autour de plusieurs dieux, avant de vouloir annexer celui des juifs en se construisant un temple comme s'il était devenu la référence du culte. Mais Jésus est aussi pour ce pays Parole et Amour...

Les convenances sociales enferment la femme chez elle ou dans ses tâches ménagères. Il n'est pas admissible que, sorties de chez elles, elle puisse parler à un homme, et surtout pas à un rabbi étranger. Elle n'aurait pas dû s'approcher de Jésus et encore moins lui répondre.



A rapprocher de la demande "Donne-nous aujourd'hui notre pain de ce jour" dans le Notre Père : voir Aller plus loin


C'est Jésus qui sème, quoi que nous fassions, mais il compte sur nous pour la moisson et nous invite à nous réjouir avec lui quand nos champs sont dorés et florissants...